Novità dalla Francia: la traduzione del volume su Bergoglio e un’importante recensione

L’editrice Lessius di Parigi ha annunciato per il 2 maggio l’edizione del mio “Jorge Mario Bergoglio. Una biografia intellettuale”. Il titolo sarà: «Jorge Mario Bergoglio – Une biographie intellectuelle» e nel frattempo è già stata pubblicata una recensione da una firma autorevole: il sociologo e filosofo franco-brasiliano Michael Löwy (nella foto).

Così l’editore descrive il volume: «Qu’en est-il de la formation de François ? Le pape sans mystère, mais non sans secrets, ouvre ici ses archives personnelles sur ses études et sur ses lectures. Un document exceptionnel.

Cet ouvrage est le premier qui traite de la formation intellectuelle du pape François. Celui-ci, de manière inattendue, a ouvert ses archives personnelles et a accordé plusieurs entretiens à Massimo Borghesi. L’auteur avait conçu initialement son ouvrage à partir de la présentation des inspirateurs de la “théologie du peuple”, spécifiquement argentine, et de la pensée de Romano Guardini sur lequel J. M. Bergoglio a fait une thèse. Les entretiens avec le pape ont bouleversé ses premières perspectives : ils lui ont appris que les deux influences premières de Bergoglio sont les œuvres de Gaston Fessard sj et d’Henri de Lubac sj, à savoir deux œuvres qui relisent leur époque à la lumière des Écritures, des Exercices spirituels et de la Tradition catholique».

Nel frattempo sull’ultimo numero di  «Archives de sciences sociales des religions» (pp. 203-205) è uscita la recensione di Löwy al volume. Löwy, pensatore di impronta marxistaì (https://it.wikipedia.org/wiki/Michael_Löwy), è una figura di primo piano nel panorama intellettuale francese. Ecco la sua recensione.

Jorge Maria Bergoglio. Una biografia intellettuale

Milan, Jaca Book, 2017, 300 p.

Il existe beaucoup de biographies du Pape François, mais celle-ci est la première biogra­phie intellectuelle, c’est-à-dire une étude de sa formation théologique, philosophique et poli­tique, ses études, ses lectures et les penseurs qui l’ont influencé. Il s’agit d’un travail de grande qualité et d’une impressionnante érudition, qui montre comment, à partir des travaux sur la dialectique de Gaston Fessard, la théologie des oppositions polaires de Romano Guardini, et les écrits du thomiste uruguayen Alberto Methol Ferré, Bergoglio va peu à peu élaborer sa vision du catholicisme comme coincidentia oppositorum, comme recherche d’unité, sans supprimer le conflit. Ou alors, pour reprendre une image qui lui est chère, comme polyèdre, une figure dont l’unité contient la singularité de ses diverses facettes.

Si l’analyse des lectures de Bergoglio est parfois quelque peu « désincarnée » (pour uti­liser un terme théologique), ce n’est pas le cas des chapitres qui situent son évolution dans le contexte argentin. Le jeune Bergoglio sym­pathise avec le péronisme et collabore avec le courant modéré (la dénommée « Garde de Fer »), non violent, qui se distingue aussi bien de la droite anti-communiste que de la gauche péroniste du Mouvement des Prêtres du Tiers-Monde, fondé par le père Carlos Mugica (assassiné en 1974 par la « Triple A », Alliance Anticommuniste Argentine, groupe para-militaire de la droite péroniste). Il est proche, pendant les années 1960 et 1970, de la Théologie du Peuple de Lucio Géra, Rafael Tello, Juan Carlos Scannone et Alberto Methol Ferré, une version non-marxiste (plutôt péroniste) de la théologie de la libération, qui se réclame du peuple et de la religiosité populaire, et qui rêve de la Grande Patrie latino-américaine. Les théologiens du peuple participent à la Conférence de Medellin (1968) des évêques latino-américains, et Lucio Gera sera le princi­pal rédacteur de la Déclaration de San Miguel (1969) des évêques argentins. Bergoglio s’identi­fie avec cette théologie, notamment les écrits de Methol Ferré, un des plus influents théologiens du CELAM (Conférence des Évêques d’Amé­rique Latine) et un des principaux auteurs des résolutions des Conférences de Puebla (1979) et de Santo-Domingo (1992), qui retient de la théologie de la libération l’option préférentielle pour les pauvres, mais en rejette les aspects marxistes. Methol Ferré voyait comme principal adversaire de l’Église, après la disparition de l’athéisme messianique (communiste) en 1989, ce qu’il désigne comme « athéisme libertin », hédoniste et égoïste, propre au néo-capita­lisme, dont les principaux idéologues seraient les Nord-américains Brzezinski, Fukuyama et Huntington. Bergoglio nourrissait une grande admiration pour Methol Ferré et l’on retrouve certains de ces arguments dans ses discours et écrits.

L’auteur nous parle des rapports de Bergoglio avec la tradition jésuite, de son admiration pour Pierre Favre, le compagnon de Saint Ignace de Loyola – dont il avait lu avec enthousiasme la biographie par Michel de Certeau – et même de son intérêt pour les écrits de Urs Von Balthasar sur Ignace. Mais curieusement il ne nous dit rien sur la position du jésuite Bergoglio, nommé par le père Arrupe (le Général des jésuites) Provincial des jésuites en Argentine, puis écarté du pou­voir par le même Arrupe après la dictature militaire, sur le violent conflit entre le Pape Jean Paul II et Arrupe, accusé de complaisance envers le marxisme, qui a conduit le Pape à nommer son successeur (1981), en refusant aux jésuites leur droit traditionnel à élire leur dirigeant. De même, il nous dit très peu sur l’attitude de Bergoglio pendant les années de la dictature militaire, sauf une intéressante note en bas de page, sur un livre qui établit la liste des personnes sauvées par lui de la répression (voir Nello Scavo, La liste de Bergoglio, 2014). Certes, l’objectif du livre n’est pas la biographie de Bergoglio, mais ces questions sont tout de même importantes pour comprendre son che­minement intellectuel.

Un des chapitres les plus intéressants du livre est celui qui examine les idées éco­nomiques de Bergoglio, notamment dans ses deux grandes encycliques, Evangelium Gaudium (2013) et Laudato Si’ (2015). On ne peut pas comprendre, observe l’auteur, la frappante critique du Pape envers l’économie de marché, le pouvoir de la finance et l’iniquité structurelle, fondée sur l’exclusion sociale, du système économique dominant sans prendre en compte les brutales politiques néo-libérales des gouvernements argentins entre 1989 et 2001, qui ont abouti à une véritable insur­rection populaire. Ces critiques ont suscité l’indignation de ses adversaires conservateurs – catholiques ou de la droite libérale – qui l’ont accusé d’« anti-libéralisme viscéral », prisonnier de la « tradition fortement anticapi­taliste » de l’Argentine, mu par une « haine de l’Occident » (?!) et imbu de « tous les préjugés des Sud-américains vers l’Amérique du Nord, le marché, la liberté, le capitalisme », bref, un « marxiste » disciple de Joseph E. Stiglitz… Plus subtil, Michael Novak, le principal théo­logien catho-capitaliste américain, craignait que les discours du Pape contre « l’idolâtrie de l’argent » et « l’iniquité » de l’actuel système économique, ne confirment l’argument de Max Weber sur l’opposition de l’éthique catholique à l’économie (capitaliste) moderne – une hos­tilité « responsable de la pauvreté de tant de nations catholiques »…

La conclusion du livre est consacrée à la Conférence des Évêques Latino-Américains à Aparecida (Brésil) en 2007, dont le document final, dénonçant l’exclusion sociale, a été essen­tiellement rédigé par Bergoglio. Pour l’auteur, Aparecida a été une tentative de dépasser le repli spiritualiste et clérical de l’Église latino-américaine, qui a suivi le déclin de la théologie de la libération. Sa Déclaration finale est le « Manifeste » de Bergoglio, la conclusion de « sa » Conférence, celle qui porte son sceau du début à la fin. Ce livre est très intéressant et a beaucoup de qualités. Mais il souffre de quelques limitations méthodologiques: l’ordre des chapitres est un mélange un peu confus entre chronologie et thématique. Le résultat est qu’on n’a pas un fil conducteur clair. Et surtout, on n’arrive pas à saisir le mouvement de la pensée de Bergoglio. Certes, il y a une grande continuité entre les différents moments de sa biographie intellectuelle, mais il y a aussi des tournants, des inflexions. Le plus important est évidemment son élection au Pontificat: ses Encycliques ne s’adressent plus seulement aux Argentins, mais au monde entier. En concluant le livre avec Aparecida (2007), comme si c’était le point culminant de sa biographie, l’auteur manque ce tournant décisif et ne pose pas la question la plus importante: qu’est-ce qui a changé dans sa pensée quand Bergoglio est devenu Pontife, et n’avait plus à rendre des comptes à un supérieur hiérarchique? Comment expliquer la nouvelle tonalité critique des Encycliques et en particulier de Laudato Si’ (2015), de loin la plus radicale (peu étudiée par l’auteur)?

Il est toujours intéressant de connaître les auteurs qui ont influencé Bergoglio, mais, comme le soulignait Lucien Goldman dans un autre contexte, l’influence est réception active, qui implique un choix, une lecture sélective, une interprétation et une réélaboration. Ces aspects ne sont pas absents du livre, mais peu développés. Par exemple: concernant les théologiens français, pourquoi Bergoglio a été influencé par Gaston Fessard, Henri de Lubac et Yves Congar et non, comme les catholiques brésiliens de cette génération, par le Père Lebret et par Emmanuel Mounier? Ces choix doivent être expliqués. Et, surtout, à force d’insister sur les influences, on perd un peu de vue la pensée propre de Bergoglio, sa réflexion autonome, sa façon d’utiliser différents matériaux pour fabriquer sa théologie.

Malgré ces limitations, l’ouvrage de Massimo Borghesi n’est pas moins une impor­tante contribution à la compréhension du cheminement intellectuel et spirituel de José Maria Bergoglio.

Michael Löwy

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